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Le nid vide : des enfants qui s'envolent

le nid vide des enfants qui s'envolent

Nous avons désiré leur arrivée dans nos vies, nous les avons portés côté maternel, nous les avons veillés, nourris, accompagnés durant moultes étapes du développement de l’enfant ( et bien d’autres ) et voici que déjà, bac en poche ou autre, il est temps pour nos enfants (autour de la vingtaine souvent ) de partir vers de nouveaux horizons ... parfois loin de la maison familiale, de leurs villes natales ...

Cette étape de vie nous l’avions pensée mais ... quand même... ça passe pas un peu vite cette période si particulière ou parents et enfants cohabitent ?

Et maintenant ?

Parent un jour, parent toujours

Si l’adage « parent un jour parent pour toujours » est évident, l’enjeu de l’affaire est bien celui-ci : il s’agit de laisser partir nos enfants, et de retrouver sa propre place dans un monde où l’on ne sera plus défini et où nous ne nous définirons plus nous-mêmes par rapport à eux ....

Il y a même plus ? Nous allons devoir faire à nouveau connaissance avec nous-mêmes, car souvent nous nous étions un peu perdus de vue. Il va falloir se regarder en face, s’écouter dans ce silence assourdissant laissé par le départ des enfants. Le départ des enfants réactive nos émotions, mettent au jour nos fragilités ou/et nos forces. Parfois il fait résonner douloureusement des séparations difficiles voire traumatiques. Le départ des enfants est un vrai tournant, une de ces étapes clefs qui sont l’occasion de réfléchir sur nous-mêmes. Que projetons-nous dans cet envol prochain ? Nos actions, nos réactions sont autant d’échos et de reflets de ce qui s’est joué, à l’époque, avec nos parents. Nos enfants se fortifieront grâce à notre enthousiasme face à leur choix et à leurs projets de vie. Ils seront portés, vivifiés, « boostés » par l’intérêt que nous porterons à leurs études bien sûr, comme aux innombrables découvertes qui les attendent. Bien sûr ils seront exposés à certains dangers. Évidemment tout ne sera pas facile. Mais faisons-leur confiance et gageons qu’ils surmonteront le mieux possible les obstacles.

La vie n’est que séparation

Symboliquement, lorsque l’enfant quitte la maison familiale, il quitte une nouvelle fois le giron maternel, tout comme lors de cet arrachement originel. Un passage douloureux mais indispensable : la vie n’est que séparation, son mouvement, son essence même sont faits de séparation. Séparation du corps maternel, séparation du liquide amniotique pour respirer ... son propre oxygène. Quitter la maison revient un peu au même, cette fois il s’agit pour le jeune d’affronter le monde et pour ses parents de le voir autonome, prêt et libre de prendre son envol. Lorsque nous avons donné naissance à notre enfant nous avons quasi toutes connu les jours suivants ce sentiment de vide (baby-blues), ventre vide, angoisse éventuelle devant ce petit être qui dormait à côté de nous et dont il allait falloir apprendre à prendre soin, aimer ...

Le départ du jeune adulte peut nous replonger dans cet état de vide, de tristesse. Il est parfois nécessaire à cette période de consulter afin d’identifier le phénomène et d’y mettre des mots. Surtout si la situation entraîne une vraie souffrance, des angoisses, troubles du sommeil ou somatisations diverses . Même s'il est parfaitement normal d’éventuellement traverser un passage « à vide ». Rivages vers la maturité certes mais aussi vers la vieillesse, qui font d’autant plus peur que nous refusons de les regarder ? En ne faisant pas l’impasse sur ces émotions pénibles, en les identifiant, nous permettrons aussi à nos enfants d’atteindre leur véritable autonomie psychique.

Un équilibre à trouver

Le rôle parental implique d’être proche mais pas trop, un équilibre pas toujours simple à trouver. Nous serons parents jusqu’à la fin de nos vies, mais nous le serons progressivement différemment. Lâcher, tel est aussi notre rôle, pas si simple après avoir pris l’habitude de veiller sur eux depuis leur naissance, mais nécessaire pour que les enfants puissent déployer leurs ailes pour s’envoler sereinement. Béatrice Copper-Royer dans son ouvrage « Le jour où les enfants s’en vont » décrit fort bien les différents « schémas » d’éloignement des enfants que l’on soit père ou mère d’un enfant garçon ou fille, parent solo, au sein d’une famille recomposée, etc.

Chaque jour qui s’écoule confirmant l’éloignement de l’enfant, il faut parfois gérer des sentiments divers, envie de s’amuser, adolescence retrouvée, excitation (comme décrite dans le film Tanguy) ou dépression, tristesse. Sentiments négatifs et positifs apparaissant en alternance comme dans un chahut émotionnel parfois ...

Après avoir porté votre fille ou fils durant une vingtaine d’année, il sera probablement nécessaire de s’accorder un temps de récupération bien mérité, un moment pour réapprendre à être attentif à soi, un moment où on laisse faire le temps, où on s’écoute, où on prend soin de soi, où on est doux avec soi même ...

Lao-Tseu n’a t-il pas dit : « La vacuité est à l’origine de toute chose, le vide est une source créative aux possibilités infinies ».

Des enfants qui grandissent c’est aussi une incroyable ouverture, ils vont vous apporter leur regard sur le monde, leurs expériences. Il n’y a plus les éducateurs d’un côté, les « garnements » de l’autre, mais des interlocuteurs qui vont s’enrichir de leurs expériences les uns les autres. C’est le début d’une nouvelle relation parentale, certainement pleine de surprises.

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