Noël et son cortège émotionnel
Le cortège émotionnel des fêtes de fin d’année …
Les jours raccourcissent, les villes se parent d’illuminations, la fin d’année est proche et les fêtes associées se profilent. Ces fêtes laissent rarement indifférent car outre les appréhensions qu’elles suscitent, elles réactivent d’éventuels souvenirs affectifs liés à l’enfance, heureux ou malheureux.
Au delà de la symbolique religieuse, Noël est souvent synonyme de famille. D’où l’éventuel cortège émotionnel qui précédera le cortège des rois mages en janvier.
On ne peut évoquer la tradition de Noël sans aborder le rapport à notre propre famille qu’elle soit présente, éloignée géographiquement ou tout simplement absente de par les deuils qui ont ponctué le parcours de chacun. Par ailleurs bien souvent, on aime ou pas Noël … cette différence crée parfois des conflits au sein des familles, certains cherchant à se regrouper, d’autres à s’échapper …
Un peu d’histoire
Au niveau religieux, deux des principaux évangiles donnent des dates incompatibles à la naissance de Jésus, ce qui embarrasse fortement les historiens. D’où sort donc la date du 25 décembre ? Ce n’est que trois siècles après la mort du Christ que les chrétiens l’ont définitivement adopté. En 354 après JC, le Pape Libère souhaite mettre un terme aux débats sur le moment de la Nativité : il décide de la situer au 25 décembre.
En 525 après JC, un moine, Denys le Petit, se charge lui aussi de calculer la date exacte et arrive à la même conclusion. Le pauvre homme fait du mieux qu’il peut, avec le peu de ressources scientifiques disponibles à l’époque, mais ses calculs sont erronés. Tant pis, la postérité retiendra la date du 25 décembre.
Mais ce n’est pas tout à fait un hasard non plus : ce jour était sacré bien avant Jésus. En le désignant officiellement comme celui de la naissance du Messie, les chrétiens ont fait avant tout un choix stratégique.
Autour de la date du solstice d’hiver, les romains avaient l’habitude de célébrer deux périodes de réjouissance : les Saturnales (du nom du dieu de l’agriculture) puis les Sigillaires, où des petits cadeaux étaient échangés (et oui, la tradition vient de là !).
Depuis le IIe siècle avant JC, dans toute la partie orientale de la Méditerranée, les adeptes du culte de Mithra fêtaient également à la fin décembre l’arrivée du Dieu Soleil et le retour de la lumière.
Des souvenirs associés
La date du 25 décembre, associée donc symboliquement à « la naissance », l’arrivée d’un enfant, interroge l’origine de chacun et sa place au sein de la famille. Qu’est ce que Noël peut réactiver ou même déclencher ? Pour beaucoup de thérapeutes, un mois avant les fêtes, les patients évoquent pour la plupart, ce moment qu’ils attendent particulièrement ou appréhendent avec une émotion qui s’amplifie au fil des semaines. C’est le frère ou la sœur avec lequel on est en conflit depuis des années, le parent qui est toujours là pour rappeler qu’un de ses enfants n’a toujours pas de descendance, voire de partenaire…la belle-mère avec laquelle on est en conflit puis surtout pour certains, la nécessité de maintenir les apparences coûte que coûte au prix parfois d’une véritable somatisation et dans ces moments, il n’y a pas que le foie gras qui est indigeste…..
On cherche parfois à retrouver ce Noël idéal d’un temps jadis vécu ou fantasmé de l’enfant que l’on était et de la matrice familiale dans laquelle on baignait. La croyance au Père Noël et la fonction imaginaire qu’elle représente, l’excitation d’ouvrir ses paquets cadeaux au pied du sapin.
De la place que l’on occupait et continue à occuper dans la fratrie, des rivalités engendrées entre frères et sœurs et parfois entretenues par les parents, Noël, dans sa dimension de rassemblement vient cristalliser toutes ces souffrances et non-dits et pour certains enfants devenus adultes les maintenir dans la certitude d’être soit le vilain petit canard de la famille, celui ou celle qui à moins bien réussi que son ainé.
L’organisation des fêtes
Certaines familles sont divorcées et parfois recomposées. Dans quelle famille va-t-on choisir de passer les fêtes ? Un casse-tête parfois insoluble qui peut amener de fortes tensions dans les couples. La nécessité de communiquer, d’identifier les besoins et peurs de chacun, peut souvent permettre de désamorcer les tensions. Certains couples ont d’ailleurs choisi de partir à l’étranger pour les fêtes, une façon de mettre la distance nécessaire et de ne pas avoir à choisir.
Faire le deuil de la famille idéale est loin d’être aisé mais c’est un travail psychique essentiel au risque sinon de voir réapparaître à chaque fête les mêmes douleurs, les absents se faisant plus présents et les deuils, récents ou anciens se rappellent à nous.
Envisager de faire Noël avec d’autres personnes inconnues reste possible aussi, un bénévolat qui pourrait donner la possibilité de rencontrer l’autre et même si l’on n’est pas croyant, donner à ce type de rencontre sa dimension sacrée. Inviter chez soi une personne seule, âgée ou sans famille.
La période du bilan de fin d’année
Ce dernier mois de l’année correspondant au solstice d’hiver et il est aussi le temps du bilan de l’année écoulée, des choix et des décisions qui ont été faits ou pas, de la remémoration des évènements agréables ou désagréables survenus tout au long des mois. S’il doit permettre un temps de deuil, ce passage est aussi le lieu d’un temps à venir, celui de la nouvelle année pleine de possibles et de promesses.