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Surpoids ou obésité, quelle proposition d’accompagnement psychologique ?

surpoids et obésité

Si tout un chacun semble pouvoir devenir en surpoids voire obèse dans un tel contexte de profusion de nourriture (dans nos sociétés occidentales) et d’encouragement à la consommation, est-ce pour autant que nous le deviendrons ? Si chacun peut momentanément prendre un excès de poids, la question des limites s’impose généralement et empêche de glisser du surpoids à l’obésité.

Peut-on considérer qu’il s’agit uniquement d’une problématique somatique ? Peut-on éventuellement questionner une problématique psychique ? Catherine Grangeard, psychanalyste, dans son ouvrage « Comprendre l’obésité : une question de personne, un problème de société » montre à quel point une approche multidisciplinaire s’avère nécessaire.

Le corps imposant est au premier plan et son fréquent cortège de manifestations : hypertension, diabète, apnée du sommeil, douleurs articulaires, etc …

L’abord historique

L’historien Georges Vigarello dans son ouvrage « Les métamorphoses du gras » s’intéresse à l’évolution des représentations de l’obésité du Moyen-âge à nos jours en Europe occidentale. A l’époque médiévale, l’homme gros impressionne, séduit, incarne l’abondance, désigne la richesse et suggère la santé à une époque où règne la faim, la précarité. Vers le XII ème siècle s’effectue un changement de perception de la grosseur commune jusque-là valorisée. Une critique émerge sous l’influence notamment des médecins conseillant des « régimes de santé ». La renaissance introduit une rupture dans les représentations. L’activité prend une nouvelle valeur et la grosseur physique devient lourdeur globale, paresse, inhabileté … Le modèle de sveltesse et de minceur s’impose. Les pratiques de « compression » avec les ceintures, les corsets se systématisent, et l’usage de sangles et cerclages de fer écrasant l’abdomen se banalise. Ces dispositifs visent à contraindre le corps, reflet d’une croyance dans les effets mécaniques de la technique pour modifier l’apparence physique.

L’idée de mesure émerge au XVIII ème siècle, le chiffrage des circonférences s’introduit largement. On assiste à une première tentative de catégorisation. Insensiblement la grosseur va être installée dans la catégorie des maladies. En 1701 le terme d’obésité fait son apparition dans la nouvelle édition du dictionnaire de Furetière et est défini en terme de médecine comme « étant l’état d’une personne trop chargée de graisse ou de chair ». L’apparition et l’usage de ce mot témoigne d’une nouvelle perception, celle du pathologique. Le régime fait l’objet de débats de plus en plus nombreux, l’obésité résiste aux « soins », le corps n’obéit pas, il n’y a pas d’explication à cette obscure inertie …

Une nouvelle rupture émerge au XIX ème siècle, la bourgeoisie affiche son embonpoint devenu signe de réussite sociale. Les rondeurs de la femme ne peuvent être pensées sans une délicatesse mêlées d’affinement … Les traités sur l’obésité se banalisent tout en demeurant centrés sur les cas exceptionnels. On assiste également à la montée du chiffre comme permettant d’évaluer les morphologies. A l’approche de la fin du XIX ème siècle, les constats sont soumis au calcul statistique et l’idée qu’à chaque taille répondrait un poids « normal » statistiquement établi commence à émerger. Deux causes à ce phénomène sont dégagées : l’abondance alimentaire et la trop grande sédentarité. Les médecins décèlent une imminence morbide avec le constat d’atteintes de divers organes. Enfin, un nouveau registre de discours apparait, témoignant de la souffrance physique mais aussi morale et psychologique, l’obésité n’est plus perçue comme une infirmité, une dérive de comportement mais comme une souffrance dont il faudrait prendre en compte la détresse, et ce d’autant plus que les techniques de perte de poids échouent éventuellement.

Avec l’avènement des loisirs et des journaux de mode fin XIX ème, un nouvel idéal de beauté féminin émerge, celui d’un corps athlétique, élancé. La pesée se normalise, le repère du poids attendu pour une taille donnée se fait plus circonstancié, augurant l’actuel indice de masse corporelle (IMC). Après les années 1920, c’est l’avènement de l’hygiénisme (discours diététique, etc.). On voit apparaitre l’émergence d’un marché (régimes, cures, produits amincissants).

L’obésité représente désormais une menace sanitaire, elle a été reconnue en 1997 comme une maladie. L’obésité qualifiée de morbide est une maladie qui préoccupe le corps médical lié aux risques accrus de comorbidités (diabète, maladies cardio-vasculaires, apnée du sommeil, pathologies ostéo-articulaires).

L’approche clinique

Les problématiques de surpoids peuvent-elles être entendues uniquement comme dysfonctionnement du métabolisme ou comme trouble des conduites alimentaires ?

L’obésité constitue t-elle un symptôme en tant que telle ?

Suffit-il de lutter contre les facteurs environnementaux, s’agit-il d’un fléau qui s’abat sur nos sociétés dites modernes ? Ou est-ce à considérer dans une histoire, un discours, un certain rapport du sujet, au cas par cas donc ? Rien ne dit que cela fasse nécessairement symptôme chez un individu.

La psychanalyse s’intéresse à l’obésité en tant que symptôme qui fait souffrir. Ainsi un mal-être peut-être à l’origine d’une prise de poids. Une psychothérapie ou une psychanalyse donne l’occasion au patient de laisser place à la parole qui se déplie de séance en séance et grâce à laquelle se dégage une histoire dans laquelle s’inscrit le symptôme. Il s’agira de comprendre la place que tient le symptôme dans cette histoire subjective. L’apaisement est donc recherché, c’est cet apaisement qui peut modifier le rapport de l’être à la nourriture.

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